Bénévoles au sein de la Fédération Léo Lagrange, Arya Jemo et Gabriel Gauffre se sont rendus au Kurdistan irakien à l’occasion d’une mission humanitaire prévue depuis plus d’un an. Engagés depuis près de quatre ans auprès des populations kurdes, Arya Jemo s’était déjà beaucoup investi, grâce au soutien d’une importante communauté de donateurs, dans plusieurs missions humanitaires au sein des camps de réfugiés kurdes en Grèce. Ils ont donc profité de l’opportunité de se rendre sur place pour rendre visite à nos partenaires locaux (Public Aid Organization) et appuyer la mise en place d’un atelier pédagogique de sensibilisation au mariage précoce.
Comment avez-vous connu la Fédération Léo Lagrange ?
Arya : J’ai connu la Fédération Léo Lagrange via la Représentation en France du Gouvernement Régional du Kurdistan.
Gabriel : J’ai connu la Fédération Léo Lagrange au travers de ses actions sur le territoire métropolitain tout au long de mon enfance.
Pourquoi et comment avez-vous commencé à vous engager pour aider les communautés kurdes ?
Arya : Mes parents sont kurdes yézidis d’Afrin. Ils ont fui la Syrie dans les années 80 pour leurs engagements en faveur des communautés kurdes. J’ai depuis baigné dedans, mais j’ai tout particulièrement accentué cet engagement suite à l’invasion d’Afrin en mars 2018 par l’armée turque. Dès lors, toute ma famille a fui, et nous avons tout perdu. Nos maisons, nos terres, nos tombes et nos temples yézidis. Je ne pouvais rester passif face à ces injustices. Comment rester sans rien faire lorsque notre seul crime est notre simple différence ethnique et religieuse ?
Gabriel : Il y a pour moi plusieurs raisons. La première, c’est l’engagement du peuple kurde lui-même comme garant de la paix dans la région, que ce soit en Irak ou en Syrie. En s’assurant de la paix chez eux, ils nous protègent, et il ne me semble que logique dans ce cas de les aider à notre tour. Les Yézidis ont également énormément souffert, et il était très important pour moi de venir en aide à ce peuple victime de la barbarie extrémiste.
Vous êtes allés au Kurdistan irakien au mois de mars 2021, qu’avez-vous fait ?
Nous sommes venus en aide à différentes communautés au Kurdistan irakien : communautés kurdes et yézidies originaires du Rojava (nord Syrie) et du Bashûr (nord Irak). Cela a duré près de 3 semaines et à différents endroits (Erbil, Duhok, Khanké, Suleymaniyah). Nous nous sommes concentrés sur des projets à court terme (apports de paniers de nourriture, soutien à des projets éducatifs, etc.) répondant aux besoins de premières nécessité.
Qu’est-ce qui vous a le plus touché ou étonné en vous rendant sur place ?
Arya : Ce qui m’a le plus touché c’est la marginalisation et la précarité des réfugiés yézidis, en particulier ceux à l’extérieur des camps. Leur impossibilité de rentrer chez eux de par les conflits encore en cours, et leur interdiction de construire des maisons amoindrissent leurs perspectives d’avenir à long terme. Ils sont pour la plupart contraints, depuis plus de 7 années maintenant, de vivre dans des tentes avec un accès limité au monde du travail. Malgré cela, nombreux sont ceux qui essaient de s’en sortir. Il y a notamment une jeunesse avec un potentiel énorme, qui a fini des études universitaires et qui ne peut se projeter qu’au jour le jour pour survivre.
Gabriel : L’hospitalité et la générosité des Kurdes. De manière clairement désintéressée, nous étions sans cesse invités à prendre le thé et à partager un repas. Ils nous ont également offert le gîte. Qu’ils soient réfugiés dans des camps ou serveurs dans les restaurants, j’ai été touché par tant d’hospitalité.
Vous avez notamment aidé à organiser une activité de sensibilisation au mariage précoce dans un camp de déplacés. Quel a été le bilan des jeunes et des animateurs à ce propos ? Comment les aider à continuer ce genre d’activités ?
Les jeunes ont pris part à ces activités grâce aux compétences des équipes sur place formées, par la Fondation Danielle Mitterrand et la Fédération Léo Lagrange, pour organiser ces ateliers. Ces activités permettent de sortir d’une routine maussade qui s’est installée dans les camps afin de les amener à réfléchir sur des thématiques sociétales cruciales pour le développement de leurs communautés. Sur place, il y a les associations, les personnes compétentes et les infrastructures pour organiser ces activités, mais une aide financière pour fournir le matériel nécessaire à la mise en place des actions est nécessaire.
Quelles sont les prochaines missions ou prochaines étapes ?
Arya : Dans un futur proche, il sera encore nécessaire de soutenir les réfugiés yézidis en dehors des camps en terme de nourriture et de produits d’hygiène. Néanmoins, dans un futur lointain, il faut songer à des missions de développement leur permettant de pouvoir se développer économiquement.
Gabriel : Pour moi, il s’agit de continuer à donner du sens à plus de six milles photos et vidéos que j’ai prises, afin de montrer aux donateurs les efforts produits sur place et l’aide que nous avons apportée aux populations.
Retrouvez toutes les informations sur le programme au Kurdistan irakien grâce aux publications sur Nous demain et auprès du service international : international@leolagrange.org.